Fiche du document numéro 14754

Num
14754
Date
Lundi 4 novembre 1996
Amj
Fichier
Taille
87294
Pages
2
Urlorg
Titre
Tragédie humaine dans l'est du Zaïre coupé du reste du monde
Nom cité
Nom cité
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Lieu cité
Lieu cité
Cote
n° 17265
Source
Type
Article de journal
Langue
FR
Citation
Plus d'un million de réfugiés rwandais, burundais et zaïrois chassés
par les combats étaient livrés à la faim, aux épidémies et à la pluie,
hier dans l'est du Zaïre, au lendemain de l'évacuation des dernières
organisations humanitaires. Des centaines de milliers de personnes
étaient notamment entassées dans des conditions effroyables entre la
baie de Sake et le camp de Mugunga, sur le lac Kivu, à environ 30 km de
Goma. Les agences spécialisées des Nations unies (HCR, Unicef et
Programme alimentaire mondial), qui ne peuvent accéder à la région en
raison des combats, ne parviennent même plus à localiser les réfugiés.
Les combats ont connu hier une relative accalmie. Seuls quelques tirs
d'armes automatiques ont résonné dans Goma. En revanche, plus au sud, à
Bukavu, une ville contrôlée depuis mercredi par les rebelles tutsis,
des combats à l'arme lourde ont eu lieu. La rivière Rusizi, qui sert de
frontière entre le Burundi et le Zaïre, charriait des cadavres
d'hommes, de femmes et d'enfants jusqu'aux rives du lac Tanganyika.

Pour éviter la mort de milliers de gens, le haut-commissaire de l'Onu
pour les réfugiés, Sadako Ogata, a lancé hier un appel à la création de
couloirs humanitaires et de lignes de secours. Il sera peut-être
entendu. Selon le quotidien « Le Monde », la Commission européenne a
pris contact avec l'Afrique du Sud, semble-t-il désireuse, pour une fois,
d'assurer ses responsabilités de puissance régionale, pour voir comment
ce pays et les Quinze pourraient contribuer au sauvetage des réfugiés.
La création d'une force militaro-humanitaire ayant comme armature des
troupes belges, sud-africaines et françaises et bénéficiant de la
couverture de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) serait
envisagée.

Pour le moment, les initiatives diplomatiques sont restées plutôt
limitées. Seul le représentant de l'Union européenne, Aldo Ajello, a
entrepris une mission de bons offices dans la région. L'envoyé spécial
de l'Onu, le diplomate canadien Raymond Chrétien, a indiqué qu'il ne se
mettrait en route qu'après l'élection présidentielle américaine. Il
devrait entamer son périple par une visite à Lausanne, au chevet du
président zaïrois Mobutu Sese Seko, atteint d'un cancer.

Le Kenya doit accueillir demain un sommet régional des pays des Grands
Lacs. Il réunira des représentants de l'Ouganda, de la Zambie, du
Rwanda, de l'Ethiopie et du Cameroun, qui assure la présidence
tournante de l'OUA. Le Zaïre, concerné au premier chef, ne devrait
toutefois pas y participer, son gouvernement ayant annoncé son « refus
de prendre part à toute rencontre (...) tant que l'agresseur n'aura pas
quitté le sol zaïrois ».

De graves dissensions sont apparues ce week-end entre l'armée et le
gouvernement de ce dernier pays. Le chef d'état-major général des
forces armées, Eluki Monga Aundu, a directement accusé, samedi à
Kinshasa, le pouvoir de « n'avoir rien fait pour donner à l'armée les
moyens nécessaires pour faire la guerre ».

S. D.
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fgtquery v.1.9, 9 février 2024