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KIGALI, 12 juin, Reuter - Sous la pression des rebelles du FPR, le
gouvernement rwandais s'est réfugié à Gisenyi, une ville du nord-ouest
du pays capitale ethnique des Hutus, a déclaré dimanche le commandant
Jean-Guy Plante, porte-parole de la Mission des Nations unies
d'assistance au Rwanda (Minuar).
Le président et certains ministres sont partis il y a déjà trois ou
quatre jours
, a-t-il précisé.
Gisenyi est la ville natale du président Juvenal Habyarimana, dont
l'assassinat le 6 avril dernier a déclenché le massacre des Tutsis et
fait éclater la guerre civile au Rwanda.
Théodore Sindikubwabo, chef du gouvernement proclamé quelques jours
après la mort de Juvenal Habyarimana, s'était dans un premier temps
installé à Gitarama, à 40 km au sud-ouest de Kigali.
Devant l'avance des rebelles du Front patriotique du Rwanda (FPR), il
s'était replié la semaine dernière dans un village isolé sur les rives
du lac Kivu. Certains ministres seraient toutefois restés à Gitamara.
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Violents combats à Kigali
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Selon le commandant Plante, des responsables du gouvernement ont
affirmé que Théodore Sindikubwabo resterait une semaine à Gisenyi sans
préciser où il pourrait se rendre ensuite. De nombreux officiers de
haut rang de l'armée et de la garde présidentielle sont originaires de
Gisenyi.
A Kigali, la capitale, de violents combats ont opposés pendant près de
trois heures dimanche à l'aube les rebelles du FPR aux forces
gouvernementales.
La capitale rwandaise, pourtant habituée aux tirs de mortiers et
d'armes légères, s'est réveillée dimanche au son des roquettes
Katioucha et des tirs incessants de mitrailleuses. Le calme n'est
revenu que vers 07h30 (05h30 GMT).
Dans le faubourg de Gikondo des maisons étaient en flammes et à
Kimihururu et Nyamirambo des milliers de civils risquaient à tout
moment d'être massacrés par les miliciens qui battaient en retraite.
Le FPR est infiltré dans de nombreux quartiers de la ville. Ils
bombardent, harcèlent et s'infiltrent la nuit
, a dit le commandant
Plante.
Le père Otto Mayer, blessé samedi par un éclat de mortier du FPR a
condamné cette tactique de harcèlement, qui selon lui, ne fait
qu'accroître la rage meurtrière des escadrons de la mort hutus à la
recherche de Tutsis.
Otto Mayer et le Père blanc Henri Blanchard ont révélé samedi que des
miliciens hutus avaient enlevé et probablement massacré 170 personnes,
en majorité des Tutsis, qui avaient trouvé refuge dans une mission
religieuse du quartier de Nyamirambo à Kigali.
Quelque 2.300 civils, en majorité des Tutsis menacés de mort par les
miliciens, ont jusqu'à présent été évacués par les forces des Nations
unies de part et d'autre des lignes de front à Kigali.
Mais les 450 membres de la Minuar ne peuvent pénétrer dans Nyamirambo
en raison des dangers encourus. /AP
(c) Reuters Limited 1994