Citation
KIGALI, 11 juin, Reuter - Les représentants des rebelles du FPR et de
l'armée régulière rwandaise ont repris samedi leurs discussions en vue
de la conclusion d'un cessez-le-feu en dépit d'escarmouches survenues
dans la nuit à Kigali, la capitale.
De son côté, la radio gouvernementale a violemment critiqué la Mission
d'assistance des Nations unies au Rwanda (Minuar), réclamé la démission
du général Romeo Dallaire et accusé les casques bleus de se ranger aux
côtés des rebelles.
Il est incompétent. Il devrait retourner au Canada
, a affirmé la
radio nationale au sujet du commandant de la Minuar.
Nous voulons la mise en place d'un cessez-le-feu
, a déclaré le
colonel Frank Mugambage, négociateur du Front patriotique du Rwanda
(FPR) à son arrivée à Kigali pour une cinquième session de pourparlers
au QG de l'Onu.
Vendredi, le général Marcel Gatsinzi, chef de la délégation de l'armée
réguliére rwandaise, avait accusé le FPR de faire traîner les
discussions afin de poursuivre l'offensive lancée il y a huit semaines.
Le général Dallaire n'a pas caché son pessimisme quant à l'évolution de
la situation et aux chances de conclure une trêve à bref délai.
---
Violents combats à Gitarma
---
Un responsable du FPR, qui assistait en Tunisie au sommet des ministres
africains des Affaires étrangères, a déclaré vendredi que les rebelles
n'accepteraient pas de cessez-le-feu tant que les forces
gouvernementales continueraient de commettre des crimes, de prendre des
otages et de diffuser des messages de haine à la radio.
Le commandant Jean-Guy Plante, porte-parole de la Minuar, a fait état
de violents combats dans les faubourgs de Gatsata et Nyamirambo
(Kigali) et signalé des blessés dans les deux camps.
A Gitarama, localité située à 40 km au sud-ouest de la capitale et
tenue par le gouvernement, des combats font rage également et le chef
de l'armée rwandaise a reconnu que les rebelles du FPR avaient gagné du
terrain sur un large front.
Des milliers de Rwandais ont fui Kigali mais, selon le commandant
Plante, les miliciens, qui soutiennent l'armée régulière, sont de
retour dans les rues qu'ils avaient désertées la semaine dernière.
Le commandant Plante a dit avoir reçu du chef d'état-major de l'armée,
le général Augustin Bizimungu, l'assurance que ses hommes ne tireraient
pas sur l'aéroport international et que la piste, fermée dimanche
dernier, pourrait être rouverte dans quelques jours.
L'Onu tentera dimanche de reprendre l'évacuation de milliers de civils
bloqués dans des zones situées de part et d'autre de la ligne de front,
a-t-il ajouté.
Le général Dallaire a lancé un cri d'alarme en soulignant que les 450
casques présents sur le terrain étaient débordés et que les massacres
se poursuivraient sans doute jusqu'à la conclusion d'un cessez-le-feu
et l'arrivée de renforts de l'Onu. /AP
(c) Reuters Limited 1994
