Fiche du document numéro 1163

Num
1163
Date
Jeudi 18 octobre 1990
Amj
Fichier
Taille
135004
Pages
2
Sur titre
RWANDA : tandis que la Belgique poursuit ses discussions avec le président Habyarimana
Titre
Les rebelles s'emparent d'une position importante dans le nord
Nom cité
Nom cité
Source
Type
Article de journal
Langue
FR
Citation
Le président rwandais, Juvénal Habyarimana, souhaite parvenir rapidement
à une trêve avec les rebelles et à des négociations politiques sur le
problème des réfugiés, a indiqué, mardi 16 octobre à Nairobi (Kenya), le
premier ministre belge, M. Wilfried Martens. Le chef de l'Etat rwandais
devrait se rendre très prochainement à Paris pour y rencontrer le
président Mitterrand.

Autour de Gabiro, la savane est noircie sur des collines entières.
L'armée l'a incendiée pour mieux protéger ses positions. Pourtant,
Gabiro est tombé une nouvelle fois aux mains des rebelles, samedi 13
octobre, au crépuscule, après une demi-journée de combats. L'enjeu de la
bataille qui oppose depuis près de deux semaines les maquisards de
l'Armée patriotique rwandaise (RPA) et les forces régulières appuyées
par les parachutistes du président Mobutu consiste en tout et pour tout
en une colline plus ou moins fortifiée, des baraquements militaires, un
hôtel pour les touristes du parc de l'Akagera et la villa du président
Habyarimana.

« Ils étaient tellement confiants qu'ils ne nous attendaient pas,
explique le major Peter Bayingana, le commandant adjoint de la RPA. La
colline fortifiée surplombe un terrain découvert de 2 kilomètres que nos
hommes ont dû franchir sous le feu de l'ennemi pour décrocher la
position.
 » Le reste n'a apparemment pas été difficile ; les rebelles
font état de quatre morts et de douze blessés dans leurs rangs. Personne
ne connaît le bilan du côté zaïrois et rwandais.

Les maquisards ont installé leur bivouac dans les jardins de l'hôtel, où
se promènent les lapins échappés des clapiers. Les adolescents, en
uniformes dépareillés mais presque neufs, posent pour la photo,
brandissant leurs armes individuelles. Certains ont rajouté un javelot à
leur panoplie. Ils parlent swahili entre eux, la langue en usage dans
l'armée ougandaise (NRA). C'est apparemment une pratique courante dans
la NRA que de ramasser des orphelins ou des jeunes en rupture de ban et
de les enrôler.

L'ambiance est à la fête, et leurs feux de camp rappellent un peu les
colonies de vacances. La cour intérieure du bâtiment principal est
jonchée de bouteilles et de caisses de bière vides, de sacs éventrés :
les Zaïrois sont déjà passés par-là... On ne peut s'empêcher de penser
que les soldats du président Mobutu étaient trop saouls pour tenir
Gabiro.

« Nous croyons à la démocratie »



Même spectacle, même ambiance à la résidence du chef de l'Etat. Un obus
a crevé le toit, mais, dans le buffet du salon, les verres sont intacts.
Les rebelles se sont installés sur les pelouses et entre les massifs de
fleurs. On y prépare le repas du soir.

A Gabiro, hier soir, il y avait tout au plus deux cent cinquante hommes.
et une toute jeune fille, armée comme les autres. A 5 kilomètres plus au
sud, la savane brûle, allumée probablement par les combats de
l'après-midi. A un carrefour, deux véhicules incendiés. Une odeur de
mort flotte dans l'air. Un peu plus au nord, les rebelles ont détruit un
blindé léger près duquel gisent deux soldats rwandais. Les rebelles se
sont emparés de trois canons sans recul, d'un canon antiaérien, d'un
blindé léger et de toute une armurerie. On peut les croiser sur la
route, juchés sur leur butin, cigarette aux lèvres et poing levé.

Le président Habyarimana a entamé des consultations diplomatiques à
Nairobi et Dar-es-Salaam, annonce la radio. « Il faut attendre et voir
ce que souhaitent exactement ceux qui le soutiennent
 », dit Jeffrey
Byegeka, commandant en chef de Kagitumba, le poste-frontière et la base
arrière des rebelles, situé au bout de la route de l'Akagera. « Notre
objectif n'est pas de prendre Kigali, explique le major Peter Bayingana,
mais d'apporter un changement dans ce pays. Nous croyons à la
démocratie. Nous mettons les Rwandais sur un pied d'égalité,
souligne-t-il, à l'inverse du régime actuel, qui utilise les divisions
entre Hutus et Tutsis pour conserver le pouvoir. Et la Belgique ferait
mieux de jouer les médiateurs plutôt que de soutenir ce régime
ségrégationniste !
 »
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fgtquery v.1.9, 9 février 2024