Fiche du document numéro 11206

Num
11206
Date
Avril 2012
Amj
Auteur
Fichier
Taille
14278755
Pages
3
Titre
Rwanda face à l'apocalypse de 1994. Contribution aux progrès de la justice et aux efforts de réconciliation du peuple rwandais [Extrait pp. 135-137, 157]
Page
135-135
Nom cité
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Lieu cité
Type
Livre (extrait)
Langue
FR
Citation
L'apocalypse

5.3. L’assassinat du président Juvénal Habyarimana

5.3.1. Les préparatifs de mise au point de l'attentat

À quelques jours du sommet de Dar es Salaam, le Président
MUSEVENI de l'Ouganda a invité le Président de Assemblée Nationale
du Burundi, Sylvestre NTIBANTU-NGANYA, à se rendre à Kampala.
Pour effectuer ce voyage, ce dernier a utilisé l'avion présidentiel
du Burundi, un Falcon 50, comme celui du Président rwandais
HABYARIMANA. L'audience à Kampala s'est fait longtemps attendre.
Elle a eu lieu le deuxième jour de l'arrivée et encore tard dans la nuit,
de manière à obliger Sylvestre NTIBANTUNGANYA à passer une
seconde fois la nuit à Kampala. Privé de son avion rapide, le Président
NTARYAMIRA s'est contenté de l'avion à hélices pour ses déplacements
à Ghadolite, ville natale de l'ex-Président Zairois MOBUTU et à Dar
es Salaam en Tanzanie. Ce qui l'a obligé pour son voyage retour à
Bujumbura de faire du « stop »… Que cache cette manœuvre ? Dans les
usages diplomatiques, il n'est pas courant qu'un Chef d'État invite un
président de l'assemblée nationale d'un autre pays.

Le jour du sommet, le 06 avril 1994, le Président MUSEVENI à
enregistré un retard de deux heures trente minutes, retard qui s’est
répercuté sur l'heure de clôture de la réunion. Il faisait retarder les
débats par son semblant de sommeil et par ses blagues. À chaque
réveil il obligeait ses partenaires à recommencer les débats sous
prétexte qu'il n'avait pas bien suivi les discussions.

Un retard considérable dans la production du texte français
sanctionnant les travaux de la réunion a été enregistré, au point que
sur conseil de quelques membres de la délégation du gouvernement
rwandais, seul le texte en anglais a été signé dans la salle de la réunion.

---

Informations recueillies par écrit, au cours de mon exil à Bukavu dans
l'actuelle République Démocratique du Congo, en septembre 1994, auprès du
Chef du Protocole du Président HABYARIMANA, le Major Désiré MAGEZA.
Malheureusement, j'ai appris de son épouse, que l'intéressé est décédé dans
les forêts de la RDC suite à l'invasion de ce pays par les troupes de Paul
KAGAME et de ses alliés.

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Le texte français n'a été signé qu'à l'aéroport lorsque les Chefs d'État
s’apprêtaient à embarquer. Le document n'a pu être rendu disponible
que grâce à l'assiduité des membres de la délégation rwandaise.

La lettre d'invitation au sommet précisait bien que la rencontre
aurait lieu à Arusha. Deux jours avant le sommet, sans aucune
explication, le lieu de la réunion avait changé. C'était maintenant Dar es
Salaam. On notera qu'Arusha est plus près de Kigali et de Bujumbura
que Dar es Salaam. Qui a proposé ce changement et dans quel but ?
Que cache cette manœuvre? Pour moi, l'hôte de la rencontre, le
Président Tanzanien Ali Hassan MWINYI doit être considéré comme
en étant responsable.

Par ailleurs, un article de « Jeune Afrique » révèle que KAGAME
a fait notifier au Président HABYARIMANA qu'il le tuerait en ces
termes : « Vous direz au Président HABYARIMANA que je dois le tuer,
Je paierai ce qu'il faudra payer pour qu'il soit tué ». La commission a
été donnée à une haute autorité de la MINUAR, le Docteur Jacques-
Roger BOOH BOOH, alors Représentant Spécial du Secrétaire
général des Nations Unies au Rwanda. Madame HABYARIMANA,
que j'ai rencontrée à Nairobi au Kenya en 1995, m'a personnellement
confirmé cette déclaration faite dans Jeune Afrique N° 1738-1739 du
28 avril au 15 mai 1994 en ces termes : « Le dimanche de Pâques, trois
Jours avant le drame, nous avons convié un haut fonctionnaire des Nations
Unies à partager notre repas familial. Cette personnalité a dit à mon mari,
et l'a répété trois fois devant notre cercle familial : Paul KAGAME m'a
chargé de vous avertir personnellement qu'il vous tuera et qu'il emploiera
tous les moyens pour cela ».

Il m'a également été verbalement rapporté par le Chef du Protocole
Présidentiel, le Major Désiré MAGEZA, et le Ministre de la Défense
Nationale à l'époque des faits, Augustin BIZIMANA, qu'au sommet
de Dar es Salaam, sur les nombreux Chefs d'État qui avaient été
annoncés, la plupart d'entre eux ont préféré s'absenter, Le Président
MOBUTU de l'ex-Zaïre a annulé à la dernière minute son voyage de
Dar es Salaam et a avisé, de sa résidence de Gbadolite, son « frère et
ami » HABYARIMANA du Rwanda, pour le dissuader de faire ce
voyage très risqué à ses yeux.

Il lui a dit avoir été informé par une très haute personnalité de
l'Elysée sur l'attentat qui se préparait. Cette haute personnalité

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serait Monsieur François de GROSSOUVRE qui était officiellement
président du « Comité des Chasses Présidentielles. Mais comme l'écrit le
professeur Filip REYNTJENS, était aussi un « confident et un conseiller
de François MITTERRAND qui était au courant d'un certain nombre
d'affaires africaines, notamment celles impliquant le fils du Président Jean-
Christophe MITTERRAND ».

Monsieur de GROSSOUVRE s'est suicidé peu de temps après
l'attentat contre l'avion du Président Rwandais. ET le Professeur
REYNTJENS se demande, à juste titre, si « le suicide de cette éminence
grise aux liens brumeux avec les magouilles rwandaises moins de vingt-
quatre heures après l'attentat contre l'avion du Président HABYARIMANA
constitue une simple coïncidence ».

À chaque événement survenu au Burundi, la présence de
Paul KAGAME était remarquée à Bujumbura quelques jours avant.
Les journaux rwandais reproduisaient les dates de sa présence. En
ce qui concerne les événements du 06 avril 1994, la journaliste belge,
Marie-France CROS, très proche du FPR, citant un autre journaliste,
affirme que « la Belgique était parfaitement au courant des préparatifs de
l'assassinat du Président Rwandais ».

L'absence d'éclaircissement sur la mission du Lieutenant belge
LOTIN doit être également prise en compte dans l'évaluation des
préparatifs de l'attentat contre l'avion du Président HABYARIMANA.
Le rapport de la commission sénatoriale belge sur les événements du
Rwanda en 1994 n'a retenu que le fait que le Lieutenant LOTIN et ses
« véhicules reviennent d'une mission plus touristique qu'opérationnelle ».

Aucune précision n'a été donnée sur la nature exacte de la mission
que le Lieutenant LOTIN et ses hommes ont effectuée, juste avant d'être
désignés sur ordre du Colonel MARCHAL selon les instructions du
Général DALLAIRE, comme « escorte de protection du premier ministre »,
Madame Agathe UWIRINGIYIMANA. Or l'on sait notamment par la
presse, que le Lieutenant LOTIN et ses hommes ont accompagné une
délégation du FPR «en visite dans le parc de l'Akagera ».

Cependant, rien n'a été communiqué sur les éléments suivants :

---
REYNTJENS, Filip, Rwanda, Trois jours qui ont fait basculer l'histoire, Editions
l'Harmattan, Paris 1995.

Voir à ce sujet le quotidien belge, «La Libre Belgique», des 24 août 1994 et
18 février 1996.

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...

SABENA pour le compte d'Air France, ce 7 avril 1994, à sept heures
précises du matin. Tous les documents, visas et frais de voyage, étaient
déjà prêts au soir du 6 avril 1994. C'était pour une mission de service,
au nom de l'Union des Banques Populaires du Rwanda, à Ziguinchor
au Sénégal via Bruxelles et Paris, mission financée par la Coopération
DA cours de ladite mission, je devais présenter l'expérience
Suisse, alors unique en Afrique, en matières de petits et micro
crédits tant en milieu rural qu'en milieu urbain.

Cette séance du « Comité Militaire de Crise », à laquelle j'avais été
convié fut ouverte par le Général-Major Augustin NDINDIRIVIMANA
alors Chef d'Etat-major de la Gendarmerie Nationale, en tant que
responsable militaire le plus haut gradé des forces armées rwandaises.
Mais il devra immédiatement céder la place au Colonel Théoneste
BAGOSORA, personnalité présentée comme ayant suivi de plus
près l'ensemble du déroulement des évènements depuis l'attentat du
6 avril 1994.

En réalité, le Colonel BAGOSORA, à l'époque Directeur de
Cabinet au Ministère de la Défense, représentait son ministre en
mission de service au Cameroun. Parti en Tanzanie avec le Président
HABYARIMANA, Augustin BIZIMANA, alors Ministre de la
Défense, pris l'avion pour le Cameroun après le fatal sommet de Dar
es Salaam.

Assistaient à cette réunion de mise en place du « Gouvernement
intérimaire », le nouveau Président de la République, le Docteur
Théodore SINDIKUBWABO, les membres des comités militaire de
crise et des partis politiques appelés à participer au Gouvernement
intérimaire ainsi que les ministres désignés par ces derniers. Il faut
noter que cest la veille, c'est-à-dire le 07 avril 1924, que le Colonel
Marcel GATSINZI, alors désigné comme Chef d'Etat-major de
l'Armée ad intérim par le Comité Militaire de Crise, avait ramené
de son domicile de Butare à Kigali, celui qui n'était encore que le
Président du CND (assemblée Nationale), le Docteur Théodore
SINDIKUBWABO.

Le Gouvernement dit intérimaire que j'ai eu à diriger fut arrêté
dans cette soirée du 08 avril 1994 et prêtera serment le lendemain, le
9 avril 1994, vers onze heures du matin, à l'Hôtel des Diplomates
Ce cérémonie se fit devant le Bureau du CND, présidée pour la

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